Une heure dans la friche : juin

Début juin dans la friche, les herbes sont vertes et bien plus hautes que le mois précédent. L'ambiance musicale est toujours marquée par le chant des mésanges et du Rossignol dans les arbres proches.

Guidage sonore

Urosperme

Parmi les herbes quelques criquets chantent qu'il faudra retrouver. Au milieu des herbes fleurissent les gros capitules jaune clair des Urospermes de Daléchamps. et quelques Euphorbes.

Decticelle
Decticelle

Pour cette troisième étude, Théo, mon fils, m'accompagne à nouveau par un après-midi ensoleillé et sans vent.
Dès les premiers pas, nous remarquons que de nombreux insectes sautent autour de nous. De plus près, nous reconnaissons les Decticelles qui ont à la fois grandi et surtout grossis depuis un mois. On peut maintenant voir au bout de l'abdomen de certains individus dépasser une petite pointe : c'est l'oviscapte, organe de ponte des femelles.

Criquet noir ébène
Criquet noir ébène

Nous repartons au milieu des herbes, l'œil à l'affut. Rapidement, on aperçoit de tout petits criquets trop jeunes pour chanter. Plus tard, nous trouverons un adulte, sans doute un des chanteurs entendus. Son abdomen rouge et son corps noir permettent d'identifier le criquet noir ébène (Omocestus rufipes). Il y a donc, début juin, deux générations de criquets, les nouveau-nés de ce mois-ci et la génération de l'été précédent rescapée de l'hiver.

L'identification des criquets est plus facile d'après photo, car cela permet de comparer confortablement les illustrations d'un livre avec ses propres photos. L'observation de chacune des parties du corps compte. La longueur des ailes par rapport à celle de l'abdomen et la forme du thorax et celle de la tête sont autant de détails spécifiques. La couleur du corps, bien que souvent variable peut quelquefois être utilisée comme ici celle de l'abdomen.

Dans les fleurs

Guêpe solitaire
Guêpe solitaire

Nous quittons momentanément les herbes pour nous concentrer sur les visiteurs des fleurs. Une guêpe solitaire butine dans une fleur d'euphorbe. Cet insecte creuse un nid dans le sol et part ensuite à la chasse aux insectes et aux araignées. Un coup de dard paralyse les proies sans les tuer. Au final, la femelle pond un œuf sur le tas d'insectes. La paralysie conserve les proies vivantes et la guêpe meurt en laissant à sa descendance assez de nourriture pour son développement. On trouvera la même espèce capturée par une araignée-crabe cachée sous une fleur.

Anthaxie hongroise
Anthaxie hongroise

Autre fleur, autre insecte, sur un Urosperme de Daléchamps, un insecte au corps aplati au contour rappelant une balle de fusil se gave de pollen. Ses élytres à la surface granuleuse vert brillant uniforme nous orientent vers le Bupreste hungarique ou Anthaxie hongroise (Anthaxia hungarica). Sur les bords latéraux du thorax, la couleur rouge indique que c'est un mâle. Cet insecte a passé l'hiver sous forme de larve dans le bois. Une larve sans pattes au corps allongé terminé par une grosse tête dite "larve marteau". La sortie du bois se fait par un orifice ovale.

Agélène à labyrinthe
Agélène à labyrinthe

Sur d'autres fleurs, ce sont des cétoines noires aux élytres bordées de taches blanches qui mangent du pollen. Elles aussi ont vécu leur vie de larve dans le bois, mais plutôt dans les vieilles souches. Après une recherche infructueuse, j'ignore le nom de l'espèce.

Nous repartons dans les herbes à la recherche des premières mantes religieuses, mais sans succès, nous trouvons encore une fois, des araignées. Au ras des herbes de grandes toiles sont disposées, la maîtresse des lieux cachée dans une retraite conique est l'Agélène à labyrinthe. Elle s'apprête à recevoir le moindre insecte sauteur. Théo remarque une araignée sauteuse aux couleurs vives, je m'approche pour l'aider à la prendre en photo : c'est la belle Phylaeus chrysops

Phyllaeus chrysops
Phyllaeus chrysops
araignée dans un nid prête à pondre
Araignée dans un
nid prête à pondre

L'heure se termine sur une dernière découverte, une araignée enfermée das une toile pour y pondre.

Cette balade dans la friche nous a montré, encore une fois, la richesse d'un petit coin d'herbe et quelques-unes des relations existant entre ses occupants. Jour après jour, des animaux naissent, de nouvelles plantes fleurissent. Les plantes sont des nourricières autant que des habitats étagés où chaque animal occupe une place. Les chasseurs sont partout et les chasseurs sont eux-mêmes chassés. En ce début juin, alors que de nouvelles générations sont nées, les premières pontes ont lieu, départ de nouveaux cycles. Vivement juillet !

C'est terminé, la suite dans un mois.

E. PENSA