Les décomposeurs

La Nature est géniale, depuis toujours elle met en œuvre un recyclage de la matière qui lui permet de ne jamais avoir besoin d’un apport extérieur.

Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme

Antoine Lavoisier.


Introduction

L’agriculteur qui récolte ses laitues enlève avec elles tous les éléments qui ont servi à faire pousser et grandir leurs feuilles. La récolte est une perte sèche pour le terrain qui aura besoin d’une manière ou d’une autre d’un apport qui compensera la perte. C”est le rôle des engrais naturels ou chimiques.

Mais revenons au monde parfait, le milieu naturel. La plante a besoin, pour pousser, d’un ensemble d’eau et de sels minéraux, des éléments minéraux de base qu’elle arrive à transformer grâce à la lumière (photosynthèse) en matières plus complexes, organiques, qui servent de briques à la fois pour la construction et pour fournir l'énergie nécessaire à celle-ci.
Pour trouver l’eau et ses richesses, la plante terrestre plonge ses racines dans le sol comme la laitue dans le champ.
Tout au long de sa vie, l'herbe, le buisson, ou l'arbre va, d’un côté, prélever dans la terre les éléments nécessaires à sa vie et d’un autre se faire grignoter ou être blessé par divers animaux qui mangent ses feuilles, ses fruits ou son bois. Dans le même temps, il va également voir mourir et se détacher un certain nombre d’éléments, notamment les feuilles.
C’est là que les choses pourraient se compliquer pour deux raisons.
Si les feuilles mortes venaient à s’accumuler, les herbes seraient les premières touchées, car elles se retrouveraient très rapidement ensevelies par celles-ci. Après elles, ce serait aux buissons puis aux arbustes de se retrouver dans l’obscurité du tapis de feuilles.
Si le sol ne faisait que perdre ses éléments minéraux sans jamais en recevoir, il finirait par s’épuiser comme dans un champ.
Dans les deux cas, ce serait une catastrophe, mais bien sûr, cela se passe autrement dans la Nature. La solution vient de la présence d’êtres vivants au rôle essentiel : les décomposeurs.

Comprendre

La vraie vie des décomposeurs

Si vous cherchez dans les livres ou sur le net des informations sur les décomposeurs, on vous parlera de la fragmentation de la matière morte, de la formation d’humus et de minéralisation. Bref, le schéma parfait du recyclage de la matière organique. Cette description n’est pas fausse, mais elle oublie une chose, lorsque l’on parle de décomposeurs, il s’agit d’êtres vivants. Ces derniers, du plus grand au plus petit, n’ont qu’une priorité : trouver les éléments nécessaires à leur vie, à leur croissance et à leur reproduction. Eux aussi ont besoin des petites briques leur permettant de grandir, se reproduire et leur donnant l'énergie pour tout ceci .

Non, les décomposeurs ne font pas que fragmenter et transformer la litière, ils s’en nourrissent avant tout et une partie de celle-ci deviendra un filament de champignon, une nouvelle bactérie, un anneau de ver de terre, une patte de cloporte ou une antenne de mille-pattes. Et bien sûr, ces êtres vivants ne vont utiliser qu’une partie plus ou moins importante de ce qu’ils ingurgitent, le reste sera rejeté sous forme d’excréments ou d’excrétions (urine, mucus du ver de terre). C’est cette partie inutilisée qui va être, à son tour, ingérée par d’autres décomposeurs qui s’en serviront pour vivre, grandir, se reproduire et se débarrasseront encore de nouveaux excréments et excrétions. Le passage d’un décomposeur à un autre du reste inutilisé réduit progressivement sa taille et le transforme d’autant que les bactéries présentes dans le tube digestif prennent à chaque fois leur part. On retrouve donc la fragmentation de la litière et sa décomposition associées à son utilisation pour entretenir la vie des décomposeurs.

Un décomposeur c’est quoi ?

Le décomposeur est un être vivant qui se nourrit de matière morte. Cela peut être un animal, un champignon ou une bactérie (d’où le terme général d’être vivant). Il existe de très nombreuses espèces de décomposeurs et chacune aura ses préférences en termes de nourriture. Certains se nourrissent de feuilles mortes, d’autres de bois ou de cadavres d’animaux. De même chacun préférera une partie de cette nourriture morte, le limbe de la feuille, les nervures, l’écorce, le bois superficiel, la peau, les muscles ou les os par exemple. On retrouve dans ce choix d’une partie de la nourriture ce rôle de fragmentation, comme une voiture dont la carcasse serait démontée en pièces détachées. Chaque fois qu’un bout de feuille morte est ingurgité, il est réduit et ses restes sont transformés. Ils pourront alors entrer dans le menu d’un nouveau décomposeur plus petit et ainsi de suite. Parmi les animaux décomposeurs, on trouve les vers de terre, certains mille-pattes, les cloportes, des larves d’insectes, les collemboles et tout un ensemble d’êtres très petits.

Après la décomposition, la dégradation et sa minéralisation

Après le passage par les champignons, l’estomac de toute une série d’animaux de plus en plus petits et enfin par des bactéries, il ne reste plus grand-chose à récupérer. C’est à ce stade que se servent de nouvelles bactéries capables de se contenter de ses ultimes restes et de s’en servir pour leur fonctionnement. Leur utilisation se fait alors différemment puisqu’elles vont avoir comme seul rejet, non pas de la matière organique encore plus petite, mais des sels minéraux. Dans ce dernier cas, on parle alors de dégradation de la matière organique et de sa minéralisation.

Expliquer

J’espère que les données de la première partie ont été assez claires. Passons maintenant au plus important, expliquer ceci avec toute notre pédagogie de manière à garder sa justesse tout en le rendant digeste et attrayant. Dans cette partie, chacun aura sa technique et ses outils en fonction de ses connaissances, de sa créativité, du lieu où se dérouleront les explications, du temps dont vous disposerez et bien sûr de votre type de public. Voici ma façon de présenter les choses avec un public scolaire de la grande section de maternelle au CE2.

Commencer par poser un problème : le mystère de la disparition des feuilles mortes.
>Mais où sont passées les feuilles mortes des années précédentes ?
Mais où sont passées les feuilles mortes des années précédentes ?

Chaque année, les arbres jettent au sol des tas de feuilles mortes. Si ces feuilles s'accumulaient dans la forêt, à raison de 10 cm par an, en 10 ans il y aurait déjà un mètre de feuilles mortes. La forêt étant là depuis très longtemps, normalement ses arbres devraient être complètement cachés par les feuilles mortes. Avez-vous vu autant de feuilles mortes dans la forêt, avez-vous été complètement recouverts par celles-ci au point d’être obligés de nager dans les feuilles mortes ?

La réponse est clairement non, alors où sont passées toutes ces feuilles tombées des arbres ?

La réponse classique est qu’elles ont été emportées par le vent. D’accord, imaginons que les feuilles se soient envolées, il y aurait alors quelque part, contre les collines et les montagnes, d’énormes tas de feuilles mortes plus haut que des maisons. Avez-vous vu toutes ces feuilles ?
La réponse est, à nouveau, non.

La deuxième réponse classique est que quelqu’un les aurait ramassées comme on balaie la rue et la cour de l’école. Avez-vous déjà vu quelqu’un balayer les feuilles mortes de la forêt ? La réponse est, encore non.

L’arrivée des mangeurs de feuilles

Après cette première partie de la discussion, on va réorienter le sujet vers de potentiels mangeurs de feuilles.
N’y aurait-il pas dans la forêt des animaux qui se nourrissent de feuilles ?
Les premières réponses peuvent être surprenantes, mais on arrive vite aux chenilles. Bon, le problème est que les chenilles mangent des feuilles vertes et habitent même près de celle-ci. Ne pourrait-on pas trouver un animal qui vit près des feuilles mortes et qui les mangent ? Un animal qui, par exemple, pourrait se cacher dans la terre ?
C’est ainsi que l’on arrive au ver de terre.

Les problèmes de dents du ver de terre

Avec une feuille morte dans la main, les enfants vont rapidement s’apercevoir qu’elle est plutôt sèche (on l’aura choisie ainsi).
Le ver de terre aime bien manger les feuilles mortes, mais pour s’en découper un morceau, encore faut-il qu’il ne soit pas trop dur, pas trop croustillant. Manger des chips quand on n’a pas de dents, ce n’est pas pratique ! Heureusement, il existe dans la forêt des feuilles beaucoup plus molles, souvent couvertes de marques blanches. On montre alors une deuxième feuille couverte de champignons. Le champignon a commencé à manger la feuille et l’a ramollie, elle est maintenant prête à être dégustée par le ver de terre.

Feuilles couvertes de mycélium
Feuilles couvertes de mycélium
Place au spectacle !

Pour la suite, il nous faudra 8 enfants :

  • Un enfant assez grand pour jouer le ver de terre,
  • 5 de tailles moyennes pour le mille-pattes,
  • un autre moyen pour le cloporte (si possible avec un haut gris et avec une capuche)
  • et un plus petit et pas timide pour jouer le collembole.
Premier acte : le ver de terre
Le ver de terre ou Lombric
Le ver de terre ou Lombric

On fait venir l’enfant choisi pour le ver de terre (ne rien demander, le choisir soi-même pour ne pas que la classe soit seulement en attente du prochain volontaire)

- Je vous présente le ver de terre ! Vous vous souvenez ? Il vit dans la terre qu’il creuse avec sa bouche et il aime manger les feuilles mortes.

- Le ver de terre va déchirer la feuille ramollie par le champignon et s’en servir un gros bout. Dans son ventre, le bout de feuille va se mélanger avec les morceaux de terre et les minuscules cailloux qu’ils contiennent. En se cognant contre les petits cailloux, le bout de feuille va se casser en 5 morceaux (par exemple). Sur les 5 petits bouts de feuilles, 4 vont le nourrir et lui permettre de grandir (attention cette proportion n’a rien de scientifique !). Le dernier morceau reste dans le ventre et se retrouve ensuite dans sa crotte.

- Voici la crotte du ver de terre ! On l’imagine dans notre main en faisant des gestes. (Séquence pouah !!!) Dans cette crotte, il reste un petit bout de feuille morte".

Deuxième acte : le Mille-pattes (Iule)
L'Iule
L'Iule

Cette fois-ci, on fait venir 4 enfants (et non 5) pour le mille-pattes sans leur dire encore l’animal qu’ils joueront. On les cache un peu et on leur demande de se tenir aux épaules comme pour faire la chenille. Dès qu’ils sont prêts, ils entrent en scène.

- Voici l’iule, un mille-pattes qui aime manger les feuilles mortes. Lorsqu’il se balade par terre, il peut quelquefois rencontrer la crotte du ver de terre et son petit bout de feuille. Pour lui, ce n’est qu’un tas de terre avec une feuille délicieuse coincée à l’intérieur. Alors il coupe un bout de cette feuille et il le mange. Comme pour le ver de terre, son repas va se casser en 5 morceaux. Quatre lui serviront à grandir (et on ajoute un anneau au mille-pattes avec le cinquième enfant) et le dernier morceau ? … En principe, les enfants arrivent à finir le deuxième acte où on leur fait imaginer les petites crottes de l’iule.

Troisième acte : le cloporte
Le Cloporte en marche
Le Cloporte en marche

On fait venir l’enfant qui jouera le cloporte. On décrit l’animal qu’ils connaissent le plus souvent (parfois, sous le nom de “cochon d’Inde” allez savoir pourquoi.). On explique qu’il peut s’enrouler en boule et on rabat la capuche sur la tête ou on demande à notre acteur de replier un peu son corps.

- Le cloporte adore les feuilles mortes. Lorsqu’il trouve, sur son chemin, de drôles de boulettes contenant des bouts de feuilles, il se dit : génial ! le repas est servi !. Il ne s’imagine pas qu’il a devant lui les crottes de l’iule et il croque un bout de la feuille morte. Dans son ventre, le petit bout se casse en 5 morceaux … Le cloporte finit par faire de minuscules crottes contenant encore un tout petit bout de feuille morte…

Quatrième acte : le rigolo collembole
Un collembole
Un collembole

On fait entrer en scène le dernier enfant et on lui explique ainsi qu’à la classe qu’il va jouer le rôle d’un tout petit animal qui est capable de sauter avec son ventre. L’enfant rejoint les autres animaux en sautant.

- Comme le ver de terre, l’iule et le cloporte, le collembole adore les feuilles mortes. Alors lorsqu’il découvre un bout de feuille ramolli par un champignon et déjà passé par le ventre de tous ces animaux, il est le plus heureux ! Il prend le dernier morceau et il le mange sans savoir qu’il est posé sur une crotte. Dans son petit ventre il se casse en 5 morceaux ...etc.

L'animation est terminée, vous venez d'illustrer avec vos acteurs la vie et le rôle des décomposeurs. Vous pouvez passer quelques minutes pour d'éventuelles questions.


Les acteurs en action
Les acteurs en action
E. PENSA