Reportage-photo chez les araignées de la famille des linyphiidées

La famille des linyphiidés regroupe des araignées tissant des toiles horizontales complexes comportant, de haut en bas, de nombreux fils verticaux et obliques, une première surface horizontale et une seconde en dessous. Les fils verticaux ont pour rôle de faire tomber les insectes en dessous où se poste l'araignée, cachée sous sa toile. Lors de mon reportage j'ai rencontré deux espèces très proches : Frontinellina frutetorum et Neriene radiata et c'est la seconde qui me permit d'observer la reproduction.

Exemple de toile de linyphiidé
Exemple de toile de linyphiidé

Un appareil reproducteur original

Habituellement, la copulation consiste en la rencontre de deux organes reproducteurs mâle et femelle. Chez l'araignée, la femelle possède un orifice qui recevra la semence du mâle, l'epygine.
Chez les mâles, la grande originalité des araignées réside sur la séparation des organes fabriquant les gamètes et l'organe de reproduction. Concrètement, les spermatozoïdes sont fabriqués dans une zone située sous l'abdomen et les organes copulateurs sont sur les pattes avant. Ces derniers, appelés bulbes copulateurs, sont à l'extrémité des pédipalpes. Ainsi, une araignée mâle peut facilement être différenciée de la femelle.

La femelle
La femelle
Le mâle
Le mâle

Le mystère fut longtemps de comprendre comment de l'abdomen, les gamètes du mâle pouvaient se retrouver dans les bulbes des pattes. La dissection des araignées n'eut pour ça aucun résultat et c'est l'observation qui permit d'élucider cette énigme. Le passage de l'abdomen vers les pattes se fait par l'intermédiaire d'une petite toile (toile spermatique) que le mâle va tisser afin d'y déposer sa semence. Ceci fait, les bulbes copulateurs aspirent les gamètes sur la toile. Une fois l'opération faite, le mâle peut partir vers la femelle.

Chez les araignées, le mâle met en péril sa vie lors de l'approche de la femelle. Chaque espèce à sa technique, de la danse aux caresses en passant même par une offrande (chez la pisaure admirable). Chez la néreine, l'approche se fait lentement jusqu'à ce que le mâle puisse toucher les pattes de la femelle. À ce stade, soit la femelle est réceptive et le mâle va pouvoir lui passer dessous, soit elle ne l'est pas et elle déguerpit.

Si tout se passe bien, le mâle se positionne sous le corps de la femelle en exposant son abdomen aux crochets de sa partenaire.

Commence alors l'accouplement en lui-même. Lors de la copulation, on voit apparaitre au niveau du bulbe copulateur une poche qui se gonfle. Son rôle est d'injecter telle une seringue, les spermatozoïdes dans épigyne. À tour de rôle, les bulbes se gonflent et se dégonflent.

Lorsque les bulbes sont vides, le mâle quitte la femelle pour refaire le plein sur la toile spermatique puis retourne vers elle. La copulation peut ainsi durer plusieurs heures avec des pauses. Au final, la femelle stockera les spermatozoïdes dans un réceptacle et les œufs seront fécondés uniquement à leur sortie de l'epygine. C'est donc la femelle qui féconde les œufs avec la semence accumulée du mâle.

E. PENSA