Le diablotin : le diable des prairie

Il est là, posté, tête en bas, délicatement accroché par l'extrémité de ses quatre pattes. Avec ses 3 à 4 cm de longueur pour quelques millimètres d'épaisseur, il rappelle le phasme. Mais ses deux pattes avant repliées sur elles-mêmes nous orientent rapidement vers une espèce de mante.

L'empuse mâle
L'empuse mâle

Observez-le bien, une tête portant derrière les antennes un prolongement conique, deux pattes ravisseuses comme la mante religieuse, un thorax extraordinairement long qui repousse les 4 pattes arrières très loin des 2 autres, pas d'ailes et enfin un abdomen recourbé vers le dos. Voici le diablotin, larve de l'empuse pennée.

Même si les larves ont des organes sexuels absents ou incomplètement développés, il existe, chez cette espèce, un moyen facile de distinguer les sexes, quel que soit l'âge de l'insecte. Pour cela il suffit d'observer à la loupe les antennes :

  • simple filet comme chez la plupart des insectes chez les femelles
  • pectinées (en forme de peigne) chez le mâle comme certains papillons de nuit

L'observation de près de la tête nous révèle une créature monstrueuse et on comprend aisément pourquoi on a choisi le nom d'un spectre (Empuse) pour nommer l'insecte. Le mot "pennée" quant à lui est lié à la forme des antennes du mâle.

Un peu de vocabulaire

Les empuses se développent progressivement de la naissance au stade adulte sans stade intermédiaire immobile ce sont donc des insectes hétérométaboles contrairement aux papillons (chrysalide) qui sont holométaboles.
Et encore plus loin...
Le diablotin vivant dans le même habitat que l'adulte il est paurométaboles comme le criquet et contrairement à la libellule qui, elle, est un insecte hétérométabole hémimétabole.

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Le roi de l'équilibre

Encore en équilibre
Encore en équilibre

Si vous cherchez le diablotin parmi les buissons de la garrigue, ne vous attendez pas à le voir facilement. Il peut rester en effet pendant des heures immobile dressé sur ses 4 pattes arrière ou, au contraire la tête en bas. Ce sera donc en le dérangeant que vous pourrez le repérer.

Une tête de monstre, mais un appétit de moineau

Autre surprise, son appétit hivernal. Son allure terrifiante, lorsqu'il est ainsi posté, fait croire à un redoutable et insatiable prédateur. En réalité, notre l'insecte peut rester des semaines sans manger et une petite mouche suffit à le rassasier. C'est presque sans manger que notre équilibriste arrive à passer l'épreuve de l'hiver, à l'abri les jours de grand froid et au soleil dès que les températures sont plus douces.

L'empuse femelle
L'empuse femelle

Le printemps, saison de la reproduction

À la sortie de l'hiver, lorsque la nourriture redevient abondante avec de nombreux insectes, les diablotins chassent et se nourrissent beaucoup plus. Ils vont rapidement grandir jusqu'à devenir adulte.

C'est dès le mois de mai (dans les régions les plus chaudes), alors que leurs cousines les mantes religieuses viennent à peine de naitre, que les diablotins deviennent adultes et mesurent alors de 6 à 7 cm avec un corps beaucoup plus large. À ce stade, la taille est à peu près celle des mantes religieuses adultes. L'abdomen de l'adulte est allongé et il est couvert par les élytres qui protègent des ailes mesurant 3 à 4 cm. Entre mai et juin, ils s'accouplent et fin juin les femelles laissent une petite oothèque contenant les oeufs dans la nature. Les empuses adultes ne passeront pas un deuxième hiver, elles mourront et le cycle recommencera.

Une espèce du Sud

L'empuse pennée est la seule espèce du genre Empusa en France sur les 3 espèces européennes. Sa répartition sur notre territoire est limitée à la moitié sud principalement près de la Méditerranée et de l'océan Atlantique.

E. PENSA