La vie d'une coccinelle

Les coccinelles font partie des petites bêtes que reconnaissent facilement les enfants, elles sont aussi un excellent support pour étudier les insectes et même les élever. De la classification en passant par leur cycle de vie et jusqu'au sujet de l'envahissante cousine asiatique, voici quelques thèmes pouvant être rattachés à ces animaux.

1. N'est pas coccinelle qui veut

Le mot coccinelle vient du latin coccinus qui signifie « écarlate ». Le reste du nom fait référence, la plupart du temps, au nombre de points visibles (coccinelle à sept points, coccinelle à 22 points, etc.), à leur couleur (coccinelle rose), leur pays d'origine ou leur lieu de vie (coccinelle des friches, coccinelle asiatique). Il existe, aussi bien, des petites coccinelles (souvent appelées coccinules) que des espèces de taille moyenne. Certaines sont rouge orangé, d'autre rose, orange, jaune ou noires à points orange. Plus que la couleur, c'est avant tout, la forme du corps, sphérique, qui les unit et permet de les reconnaitre facilement, mais attention aux imitations !

Voici quelques exemples de vraies et fausses coccinelles

Vraies coccinelles
Fausses coccinelles
À quoi reconnait-on une coccinelle ?

On reconnait une coccinelle à ses élytres aux contours arrondis vus de dessus et bombés, en forme d'igloo vus de profil. Ils sont parfois de couleur unie, mais le plus souvent ornés d'un nombre de points variable en fonction des espèces et parfois même chez une même espèce (voir la clé de détermination).

Plus difficiles à observer, les antennes sont courtes et épaissies à leur extrémité

Reconnaissance des espèces de coccinelles
Coccinelle à sept points
Coccinelle à sept points (Coccinella septempunctata)

Il existe de nombreuses espèces de coccinelles plus ou moins fréquentes en fonction du milieu et de la zone géographique. La reconnaissance se fait en observant principalement :

  • la taille
  • la couleur du fond des élytres et celle des taches
  • Le nombre et la forme de taches
  • Les motifs présents sur le thorax
  • Les motifs présents sur la tête
Reconnaitre la Coccinelle à sept points

La Coccinelle à sept points est une espèce très commune, le plus souvent utilisée dans les illustrations de sa famille et dans les livres. Sa reconnaissance est assez facile, mais les imitations existent. Il est donc intéressant de savoir vérifier les caractères permettant de la distinguer des autres. Les détails à observer sont les suivants :

  • Sa taille est comprise entre 5 et 8 mm
  • la couleur du fond des élytres est rouge orangé, plutôt mat lorsqu'on (mais en photo au flash, elle peut paraitre brillante).
  • les élytres portent, ensemble, chacun 3 taches noires et une demi-tache noire touchant une tache blanche, triangulaire. Au total ce sont donc 7 taches noires et 2 blanches qui ornent les élytres. Enfin, leur bord est assez largement redressé.
  • le thorax est noir bordé de deux taches blanches.
  • la tête, elle aussi noire porte également 2 taches blanches
La Coccinelle à sept points en détail (Coccinella septempunctata)
Coccinelle à sept points
Coccinelle magnifique (Coccinella magnifica)

La Coccinelle magnifique est l'espèce la plus proche de notre Coccinelle à sept points. Le caractère le plus visible pour la reconnaitre est la taille beaucoup plus grande de certaines taches noires des élytres. Les autres particularités sont une couleur de fond plus brillante et des bords relevés plus étroits que la Coccinelle à sept points.

Elle est beaucoup moins commune et vit à proximité des colonies de fourmis rouges dont elle ne craint pas le venin.

Les autres imitations de Coccinella septempunctata ont un thorax et des élytres aux motifs différents en forme, en nombre et en répartition. Elles sont donc assez faciles à distinguer.

L'âge d'une coccinelle

Il existe une croyance tenace au sujet des coccinelles, compter les points permettrait de connaître leur âge. C'est bien sûr faux, une coccinelle à sept points n'atteint jamais 7 ans et possède toutes ses taches quelques jours après son émergence. Ce nombre reste le même jusqu'à sa mort, à deux ans maximum. Il en est de même pour la coccinelle à 22 points et pour les autres bien sûr.

2. Classer les coccinelles

Nous venons de voir ce qui différencie les coccinelles entre elles, voyons maintenant ce qu'elles ont en commun avec d'autres animaux

Les coccinelles sont des insectes, coléoptères.

Avec leur corps possédant une tête, un thorax, un abdomen (visible de dessous) et leurs 6 pattes, les coccinelles possèdent tout ce qu'il faut pour être des insectes. Elles se rangent donc dans le groupe où se trouvent les fourmis, les papillons ou les mouches.

Si vous avez déjà laissé s'envoler une coccinelle, vous avez remarqué que ses ailes sont cachées sous les élytres qui s'ouvrent en cas de besoin en s'écartant en "V". À l'atterrissage les élytres se referment et les ailes sont à nouveau protégées. Ces 2 élytres identiques qui se joignent le long d'une ligne sur le dos de l'animal sont typiques des coléoptères.

Coccinelle à sept points
Comparaison des antennes : gauche = coccinelle : droite = scarabée

On a souvent tendance à ranger nos coccinelles avec les scarabées. C'est juste dans le sens où ces derniers sont également des coléoptères, mais cela ne va pas plus loin. Même s'il existe des points communs, les coccinelles ne sont pas des scarabées, car elles possèdent des caractères différents, dont le plus visible est la forme des antennes. Les scarabées (voir l'article sur les coléoptères) ont des antennes dont l'extrémité peut s'écarter à la manière des doigts d'une main, celles des coccinelles sont simplement épaissies. Moins connue du public, c'est la famille des Chrysomélidés qui pourrait se rapprocher davantage des coccinelles.

En fait, les coccinelles ont leur propre famille, celle des Coccinelidés. Celle-ci compte plus de 120 espèces d'une taille comprise entre 1 et 9 mm. Avec la forme ronde des coccinelles classiques, cette famille regroupe également des espèces au corps plus allongé, voire plus aplati.

3. La vie des coccinelles

La coccinelle aura "trois corps" au cours de sa vie.

Comme tous les insectes, la coccinelle pond des œufs. Ceux-ci ne donnent pas directement naissance à des adultes miniatures comme le font les sauterelles, pince-oreilles ou les mantes religieuses par exemple. Comme tous les coléoptères, à leur naissance, les jeunes coccinelles ont un corps mou, allongé, sans ailes et finalement très différent de celui des adultes. Ces jeunes sont appelés des larves.
Alors que beaucoup de larves passent leur vie cachées dans leur nourriture, comme les larves de scarabées qui mangent des racines ou le bois qui leur sert de cachette, celles de la coccinelle vivent à l'air libre comme leurs parents et elles partagent la même nourriture.

Avant de devenir adultes, les larves vont se nourrir et grandir en changeant plusieurs fois leur peau. Elles muent. Au bout de quelques mues, elles font comme les chenilles avant de devenir des papillons, se transforment en une forme immobile qui sert en quelque sorte de vestiaire pour préparer un nouveau corps.
Chez les coléoptères on parle de nymphe et de chrysalide chez les papillons. La transformation en nymphe s'appelle la nymphose.
C'est dans la nymphe que le corps va progressivement prendre sa forme adulte (c'est la métamorphose) et c'est d'elle que sortira la coccinelle que l'on connaît, au bout de quelques jours. La sortie de la nymphe s'appelle l'émergence. Entre la naissance et l'émergence, il se sera passé en moyenne un mois.

En résumé, une coccinelle démarre sa vie avec un corps de larve, elle se nymphose pour passer à un corps immobile, la nymphe et, enfin, après la métamorphose, elle a son dernier corps d'adulte. À partir de ce stade, elle ne grandira plus.

Voici une série de photos illustrant ce cycle, qui représentent des Coccinelles à sept points à l'exception de l'émergence (Coccinelle asiatique).

Cycle de vie et régime alimentaire de la coccinelle à sept points

La plupart des espèces de coccinelles sont carnivores, elles se nourrissent de larves et adultes de petits insectes comme les pucerons et les cochenilles. Pour satisfaire leur appétit encore faut-il qu'il y ait de quoi manger pour tout le monde, car adultes et larves se retrouvent souvent sur la même plante. Les adultes hivernent généralement cachés sous des écorces ou des pierres ce qui leur permet de passer la mauvaise saison, car sinon le froid et l'absence de nourriture les tueraient. Dès le mois de mars, les pucerons et diverses petites larves apparaissent sur les plantes et les coccinelles adultes font leur sortie. Elles reprennent d'abord des forces en se nourrissant, puis vont rencontrer d'autres individus pour se reproduire. Les femelles vont ensuite pondre des œufs orange sur les feuilles des plantes. Les plantes les plus attaquées par les pucerons sont des lieux recherchés et c'est donc sur celles-ci que se déroule une grande partie des accouplements.
Peu après auront lieu les naissances et le cycle démarrera.

Comme vous le constatez, le cycle de la coccinelle coïncide parfaitement avec celui des pucerons qui représentent la majeure partie de l'alimentation des larves et adultes.
Si une plante venait à se vider de ces petites proies, la femelle pourrait toujours s'envoler pour pondre ailleurs, mais si par malheur la disparition des proies se généralisait à cause de l'utilisation de pesticides ou à cause d'autres espèces plus voraces, c'est la survie de notre coccinelle à sept points qui serait menacée.

4. Coccinelle asiatique : quand l'homme joue à l'apprenti sorcier

Remplacer les produits chimiques par des coccinelles est une idée brillante, mais elle peut s'avérer néfaste lorsqu'on cherche, à tout prix, le rendement. Les chercheurs ont très vite compris l'intérêt d'utiliser comme mangeuses de pucerons ou de cochenilles, une des espèces les plus voraces, la Coccinelle asiatique. Dès son stade larvaire, elle est une bien plus grande dévoreuse de petites bêtes que nos espèces locales. L'homme a donc décidé d'en introduire dans différents pays pour la lutte biologique. Pendant longtemps, le gros inconvénient de cette espèce était qu'elle ne supportait pas les hivers en dehors de son milieu naturel et il fallait donc la réintroduire chaque année. Après plusieurs dizaines d'années de tests et de croisements, l'homme a appris, mais peut-être trop tard, que cet inconvénient était en fait un énorme avantage lorsque par hasard des individus supportant l'hiver ont commencé à apparaître. Aujourd'hui, dispersée partout en Europe et en Amérique, la coccinelle asiatique est devenue envahissante, car non seulement elle supporte nos hivers, mais elle a beaucoup plus de descendants que les espèces autochtones. Dans certaines zones, les scientifiques ont constaté une chute des populations de ces dernières, concurrencées par leurs voraces cousines. Ainsi, en voulant réduire le nombre de pucerons sans produit chimique, ce sont les coccinelles elles-mêmes qui pourraient finalement se raréfier.

E. PENSA