Prédateurs en herbe : découverte des petits prédateurs des garrigues et pelouses.

Dès le mois de mai, les pelouses, maquis et garrigues de nos régions sont peuplés d'une multitude d'invertébrés. La montée des températures et la présence d'une nourriture abondante favorisent leur croissance et il ne faudra qu'un mois pour que, nombre de ces animaux, deviennent facilement repérables. Les herbes nouvelles, les feuilles fraîchement sorties des bourgeons, sont le régal des criquets, les fruits et graines font un festin de fourmis alors que les fleurs sont prises d'assaut par les abeilles, mouches et coléoptères.
Dans ce foisonnement de vie, les prédateurs rôdent, plus ou moins visibles à nos yeux. Les uns chassent à courre d'autres sont à l'affut ou encore construisent des pièges ou n'hésitent pas à patrouiller dans les airs pour capturer au vol leur futur repas.

Des araignées avec ou sans toile
De tous les prédateurs, les araignées sont les plus faciles à trouver ; en repérant leur toile ou en les voyant se déplacer. Mais lorsqu'on cherche dans l'herbe, on peut facilement rater les plus futées, celles dont le camouflage est le plus efficace.

Posée dans l'herbe à l'horizontale, la toile de l'Agélène à labyrinthe (photo ci-dessus) se reconnait à sa petite retraite tissée en forme d'entonnoir où elle peut s'abriter à l'ombre en attendant sa proie. Celle-ci laissera-t-elle passer cette fourmi ?
Parfaitement camouflées dans les herbes, les Hériées hirsutes (mâle photo en haut à gauche et femelle ci-contre) chassent sans toile comme toutes les araignées-crabes. Chasser sans toile demande une grande habileté et un venin puissant pour paralyser rapidement des proies dont la taille peut dépasser celle de l'animal.


un autre grand
mangeur de pucerons
Chasser à courre demande aussi une grande agilité et requiert des capacités de saut digne des héros de bande dessinée. Les Salticidées ou araignées-sauteuses regroupent les araignées les plus douées pour le saut. C'est un avantage lorsqu'on vit au milieu des pierres. Ci-dessous, un instant de vie d'araignée sauteuse, en une fraction de seconde, ses yeux se sont tournés pour fixer un petit insecte de couleur claire qui passait par là. Trop petit pour elle, il sera épargné.
Les mangeurs de pucerons

Ne vous fiez pas aux apparences, ce n'est pas parce qu'on a une allure ronde avec des petites taches délicatement réparties sur ses élytres que tout le monde vous trouvera "gentille"
Demandez aux pucerons ce qu'ils pensent de la coccinelle..
Autre allure, autre prédateur, les chrysopes (photo de gauche) avec leur forme frêle et leurs fines ailes aux dessins de dentelle sont d'autres mangeurs de buveurs de sève tout comme le réduve irascible qui plante son rostre dans ces proies faciles (photo à droite).
La menace peut aussi venir des airs

Vous l'avez compris, vivre dans les herbes c'est devoir échapper aux toiles, aux araignées sauteuses, aux coccinelles ou aux punaises carnivores, mais savoir voler n'est pas non plus une garantie pour sa survie, car les pelouses ont également leurs rapaces à 6 pattes, ailés et prêts à foncer. Ils s'appellent libellules, ascalaphes et asiles, ce sont les prédateurs des airs.

Les ascalaphes (photo de droite) sont de jolis insectes jaune et noir aux ailes translucides qui virevoltent au-dessus des pelouses à la recherche d'insectes à attraper en vol, le moment idéal pour les admirer est lorsqu'ils se posent pour se chauffer au soleil.
De ces trois exemples de prédateurs, ce sont les asiles les plus difficiles à voir, car leurs couleurs sont ternes, leur vol discret. Comme les deux précédents, les asiles attrapent leurs proies en vol et leur puissance en fait de redoutables chasseurs.