Le fruit et la dispersion des graines

De la fleur à la graine : partie 2 - Le fruit et la dispersion des graines
Voici le dernier épisode de l'aventure du pistil. Rappelez-vous, un petit grain de pollen avait réussi à provoquer d'énormes modifications au sein du pistil aboutissant à sa transformation en un fruit. Dans cette partie nous allons voir ce que devient le fruit et répondre à la question à quoi sert le fruit ?.
Le temps du départ
Enracinées dans la terre, les plantes couvertes de fruits ne peuvent aller semer les graines qu'ils contiennent. Un danger les menace alors, celui de voir pousser leur descendance à leur pied et de devoir partager avec des centaines de nouvelles plantes l'eau d'un petit carré de terre. Si tel était le cas, ce serait la catastrophe, les milieux naturels seraient peuplés de bosquets de plantes chétives au milieu d'étendues désertiques où la terre serait lessivée par les pluies
Nous voyons pourtant que les plantes occupent la moindre parcelle de terre libérée par le jardinier à tel point qu'elles en deviennent de mauvaises herbes. Il existe donc un système qui permet aux graines de se disperser loin de la plante mère et cette invention majeure est tout simplement le fruit.

Dans la cour des grands
Nous avons déjà vu que le pollen pouvait être dispersé dans les airs, il en est de même pour certaines graines qui restent avec le fruit qui leur sert d'aile pour tourbillonner pendant la chute. Ce dispositif n'est efficace que si la graine tombe d'une grande hauteur et c'est donc chez des arbres comme les érables que l'on trouvera ces fruits ailés. Arrivée à terre, loin de l'arbre d'où elle est tombée, la graine va germer en passant à travers la paroi du fruit. Dans ce cas, le fruit ne s'ouvre pas tout seul. L'autre exemple, plus spectaculaire, d'arbre envoyant ses fruits dans les airs, est celui des peupliers qui, à la fin du printemps, dispersent des milliers de flocons blancs contenant de minuscules graines.

Mais tous les arbres n'ont pas des fruits qui volent, les chênes ont des glands lourds qui tombent à leur pied. Dans ce cas l'arbre ne doit son salut qu'à des reboiseurs involontaires... les écureuils et les geais (oiseaux). Ces deux animaux sont prévoyants et vont faire des réserves de glands pour la mauvaise saison. Lorsque les glands sont oubliés ou perdus dans la terre, ils germent et donnent naissance à ne nouveaux arbres. Ce sont chaque année des millions d'arbres qui sont ainsi plantés par ces deux auxiliaires. Les glands qui restent au pied de l'arbre sont quant à eux, rapidement mangés par les sangliers.
L'avantage de la hauteur disparait chez les buissons et les herbes, mais d'autres dispositifs existent que nous allons voir.

contribue à la dispersion des glands
Des animaux qui aident les plantes.
Nous l'avons déjà vu lors de la fécondation du pistil, les animaux peuvent aider les plantes à surmonter le handicap de leur immobilité en transportant des éléments (du pollen dans ce cas). Pour leurs graines, les plantes vont, à nouveau, faire appel au règne animal et pour cela le principe reste le même : de la nourriture en "échange" du transport.Dans le cas des graines, c'est le fruit qui sert de nourriture.
Pour les fruits charnus, les noyaux et pépins sont trop coriaces pour être digérées. Lorsque l'animal élimine ses excréments, ils les libèrent sans le savoir loin de la plante mère. Ainsi, les baies mangées par les oiseaux permettent de disséminer les graines dans les fientes.
Pour les fruits secs, leurs petites tailles permettent leur transport par les fourmis. Dans la fourmilière fruit et graine servent de nourriture, le résultat est donc négatif pour la plante. Par contre, au cours du long périple qui mène une fourmi vers sa colonie, de nombreuses graines sont perdues et c'est ainsi qu'a lieu la dissémination de la plante.
Le festival des inventions pour disperser les graines
Quelle créativité ! Voici les principales inventions des plantes leur permettant de disséminer leurs graines sans l'aide des animaux
en catapulte de l'erodium
- Le parachute du pissenlit
Même lorsqu'on est une plante basse on peut profiter du vent, les fruits du pissenlit sont de minuscules parachutes qui s'envolent au moindre courant d'air
- les catapultes du spartier et des erodiums
Le premier est un buisson, le second une herbe et les deux ont la même technique de dispersion. Le fruit en murissant à ses parois qui se tendent et finissent par lâcher subitement en éjectant au loin les graines comme les boulets d'une catapulte
- Les scratchs de la luzerne
Se servir des animaux sans rien leur donner est la stratégie de la luzerne dont les fruits munis de crochets s'accrochent au pelage des mammifères (et aux lacets des homo sapiens) puis se décrochent lorsqu'ils font leur toilette.
du cornichon d'âne
- La bombe du cornichon d'âne et les autres
Encore plus fort, le cornichon d'âne à des fruits, dont l'intérieur, va accumuler du gaz. Mis sous pression, le fruit, à la moindre vibration finit par exploser en libérant graine et pulpe, une dissémination originale.
Les exemples n'en finissent pas, graines équipées d'un petit appendice spécial fourmis, fruit salière du coquelicot ou pulpe collante du fruit du gui. Une énorme diversité de fruits pour répondre au même objectif : disséminer les graines pour sauver son espèce.