Qu'est-ce qu'une plante annuelle ?, une plante vivace ?, une plante pérenne ?

Nous observons tous, même si c’est souvent de façon vague et imprécise, que le peuplement végétal change au cours des saisons: certains arbres perdent leurs feuilles, qu’ils retrouvent au printemps, tandis que certaines plantes, beaucoup plus petites (plantes dites rases ou herbacées), semblent disparaître pendant la mauvaise saison, pour réapparaître l’année suivante… Qu’arrive-t-il précisément à ces différents Végétaux? Comment alors les appeler pour les différencier?

Une plante annuelle : la Moutarde des champs

La Moutarde des champs (Sinapis arvensis) est une plante à fleurs herbacée de la famille des Brassicacées ou Crucifères (qui contient aussi le Cresson, les Choux, les Navets, le Rutabaga, les Radis, le Colza, etc.). Elle est souvent considérée comme une plante adventice («mauvaise herbe») car elle envahit facilement les champs de céréales, les jardins et les terrains vagues. C’est une plante à fleurs qui peut atteindre 60 voire 80 cm de hauteur et dont la partie supérieure présente de petites fleurs jaunes, qui se transforment, après pollinisation par des Abeilles ou des Mouches, en fruits que l’on appelle siliques, longs de quelques centimètres et dont les graines sont utilisées pour fabriquer la… moutarde (d’où le nom commun de la plante, bien sûr).

Moutarde des champs
Moutarde des champs

La Moutarde des champs se rencontre un peu partout dans le monde, en particulier dans toute la France, en plaine comme en montagne, que ce soit dans les champs ou au bord des chemins.

En hiver, la Moutarde des champs meurt: la plante sèche puis disparaît. Mais ce destin peu enviable en apparence ne signifie pas la disparition de l’espèce: en effet, au cours de sa vie, la Moutarde des champs, grâce à ses nombreuses siliques, produit d’innombrables graines qui, lorsque les siliques se dessèchent et s’ouvrent, tombent au sol. Là, dès que les conditions seront à nouveau favorables (en général, c’est au printemps), ces graines germent, poussent et fournissent, en quelques semaines, de nouvelles plantes de Moutarde des champs!

Chaque plant de Moutarde des champs vit donc moins d’un an (en gros, du printemps à l’automne); l’hiver, il ne subsiste d’elle que des graines. Une telle plante est appelée plante annuelle.

Sceau-de-Salomon
Sceau-de-Salomon

Des stratagèmes bien calculés

Une plante vivace : le Sceau de Salomon

Le Sceau de Salomon est une plante à fleurs herbacée qui peut atteindre une taille d’environ 50 cm de haut. Son port se caractérise par une tige arquée, portant des feuilles ovales et pointues, aux nervures longitudinales. Il présente, en période de floraison (du mois d’avril au mois de juin), de petites fleurs blanches en forme de tube qui dégagent une odeur agréable; les fruits sont des baies rondes et pendantes, de couleur très foncée, contenant de trois à six graines. Le Sceau de Salomon s’accommode facilement d’altitudes allant jusqu’à 2000 mètres.

Rhizome
Rhizome

Le Sceau de Salomon tire son nom de certaines zones d’un organe particulier de cette plante: le rhizome. Bien que situé sous terre, le rhizome n’est pas une racine, mais une tige, horizontale, terminée par un bourgeon à partir duquel une autre tige, cette fois-ci verticale et aérienne (la «plante» proprement dite, portant feuilles, fleurs et fruits), se développe chaque année. En effet, durant l’hiver, les tiges «classiques» disparaissent, ne laissant, comme seul organe qui survit, que le rhizome, protégé dans le sol [et qui entre donc dans la catégorie des «organes souterrains résistants», tels que les bulbes des Iris et Jonquilles, les tubercules (de la Pomme de terre) et autres racines chargées de réserves (comme chez la Betterave)] – et il se trouve qu’après disparition des tiges «d’été», le rhizome conserve des sortes de cicatrices circulaires, en forme d’anneau qui ressemblent au fameux sceau de Salomon…

Ainsi, à la différence de la Moutarde des champs, qui disparaît totalement pendant l’hiver (et dont il ne subsiste que des graines), le Sceau de Salomon ne disparaît pas complètement: le rhizome persiste dans le sol. Si ce dernier n’est pas très représentatif de la plante telle qu’on la connaît, en revanche, il fait partie intégrante du végétal et doit donc être considéré comme tel: une telle plante, dont il subsiste un organe souterrain résistant durant l’hiver, est appelée plante vivace.

Mais attention! Le Sceau de Salomon étant une plante à fleurs, il donnera donc des fruits contenant des graines: cela signifie que certaines plantes à fleurs sont annuelles (comme la Moutarde des champs) et d’autres sont vivaces (comme le Sceau de Salomon). Mais toutes les plantes vivaces ne sont pas des plantes à fleurs: les Fougères, plantes sans fleurs, sont dotées d’un rhizome…

Et qu’en est-il des autres végétaux, comme les arbres et les arbustes?

Ce chêne a vécu plus de 500 ans
Une plante pérenne : le Chêne blanc

Le mot «Chêne» regroupe un certain nombre d’arbres et d’arbustes à fleurs qui ont tous en commun la production de fruits particuliers: des glands. Certains Chênes présentent un feuillage persistant (Chêne vert, Chêne kermès), tandis que d’autres ont un feuillage caduc (Chêne blanc).

C’est bien connu, au cours de l’automne, le Chêne blanc, ou Chêne pubescent (Quercus pubescens), comme beaucoup d’arbres, perd ses feuilles. Mais comprenons-nous vraiment la signification de cet événement habituel, presque banal?

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Au fond, pourquoi un arbre perd-il ses feuilles? Nous faisons naturellement le lien avec la température, le retour du froid hivernal: en effet, l’arbre qui perd ses feuilles se protège du froid, ne laissant présents que les organes qui pourront y résister: le tronc et les branches bien sûr, sans oublier les racines, à l’abri dans le sol ni les bourgeons d’hiver. Des bourgeons en hiver? Absolument! Regardons-y de plus près: que voyons-nous à l’extrémité des branches défeuillées? De petites structures dures, pointues, présentant de petites écailles: ce sont bien des bourgeons, car, à l’intérieur, bien emmitouflées dans du duvet, on observe de petites feuilles (ou de petites fleurs), qui resteront là tout l’hiver; au printemps, ces bourgeons débourreront, c’est-à-dire qu’ils s’ouvriront et permettront aux feuilles de se développer et de s’épanouir…

Que reste-t-il donc du Chêne blanc pendant l’hiver ? Un arbre nu : son tronc, ses branches avec les bourgeons d’hiver, et ses racines ; on appelle un tel végétal, dont la majeure partie survit pendant l’hiver, et dont la durée de vie peut atteindre plusieurs décennies, siècles ou millénaires, une plante pérenne.

Mais attention ! Le Chêne blanc étant une plante à fleurs, il donnera donc des fruits contenant des graines : cela signifie que certaines plantes à fleurs sont annuelles (comme la Moutarde des champs), d’autres sont vivaces (comme le Sceau de Salomon), d’autres enfin sont pérennes (comme le Chêne blanc). Mais toutes les plantes pérennes ne sont pas des plantes à fleurs: les Conifères, par exemple, sont des arbres ou des arbustes, mais ils ne portent pas de fleurs (mais des cônes, qui correspondent, dans leur fonction, à des fleurs, mais n’en sont pas à proprement parler…); et certaines Fougères, plantes sans fleurs, présentent un port arboré (Fougères arborescentes). Enfin, certaines plantes pérennes conservent leur feuillage pendant l’hiver (feuillage persistant).

Ainsi, en fonction de leur durée de vie et des organes qui subsistent pendant l’hiver, l’on peut différencier les plantes annuelles (qui vivent moins d’un an et ne laissent que des graines), les plantes vivaces (qui peuvent vivre plusieurs années et subsistent durant l’hiver sous la forme d’organes souterrains résistants) et les plantes pérennes (qui peuvent vivre plusieurs décennies, siècles ou millénaires et subsistent durant l’hiver sous la forme d’arbres ou d’arbustes avec feuillage persistant ou bourgeons d’hiver).

Article écrit par David EspessetChercheur indépendant en philosophie des sciences, épistémologie et évolution non darwinienne.