Parler de la protection de la forêt contre l'incendie

1. Présentation générale du problème

Panneau DFCI
DFCI
Défense des
forêts contre
l'incendie

Les incendies de forêt font partie de la vie méditerranéenne. Nous savons que nos paysages ont été modelés par l'action de l'homme et des assauts des flammes depuis des siècles. La découverte de l'environnement méditerranéen doit prendre en compte cette particularité et l'éducation à l'environnement ne peut donc se faire sans aborder cette particularité : sa vulnérabilité au feu.

La biodiversité actuelle liée à l’homme et aux incendies de forêt

Avant d'aborder le sujet de la protection de la forêt face à l'incendie, il faut comprendre que la biodiversité actuelle est le résultat de l'action de l'homme et donc en partie des flammes sur les anciens massifs forestiers. La disparition des anciennes forêts au profit des terres agricoles et du pâturage a favorisé le développement des milieux ouverts et à favorisé les espèces animales et végétales de ces écosystèmes.

Aujourd’hui, la région méditerranéenne est une mosaïque d’écosystèmes dont la diversité est à l'image de sa richesse géologique (roches et sols variés) et géomorphologique (collines, montagnes, vallons, vallées, cours d'eau, étangs, lacs, deltas, oueds. etc.). Il en résulte une biodiversité incomparable qui est loin de se limiter aux pelouses à Brachypodes, garrigues à Chênes kermès et Romarin, maquis et forêts.

Aujourd'hui, une menace destructrice liée aux enjeux économiques et à l'amplification des incendies de forêt.

L’abandon de nombreuses surfaces agricoles notamment au niveau des restanques et la régression de l’élevage ont entraîné la colonisation et donc la disparition des anciens milieux ouverts par les espèces des garrigues et maquis et un appauvrissement de la biodiversité. En parallèle, ces surfaces, délaissées par l’homme et donc plus entretenues, offrent aux flammes de nouveaux terrains. De nos jours la richesse, héritée du passé, se réduit face à la menace des incendies, à la pression immobilière, aux enjeux touristiques, au développement des voies d'accès et, disons-le, à l'intérêt réduit qu'ont porté des générations successives de citadins pour un environnement éloigné de leurs préoccupations quotidiennes.

Dans ce contexte on voit tout l'enjeu que représente l'éducation à l'environnement dans la sauvegarde de la biodiversité méditerranéenne et tout particulièrement l'importance que doit prendre dans son contenu la prise en compte du risque lié aux incendies.

Il existe diverses façons de parler du risque incendie. Intégrer la PFCI au contenu de l'éducation à l'environnement peut se faire, par exemple, en suivant deux pistes complémentaires que nous allons détailler.

Barrière DFCI et borne incendie
Barrière DFCI et borne incendie

- La première piste consiste à montrer que l'homme mène une lutte active en déployant deux stratégies pour protéger les massifs :

  • En tentant d'empêcher tout départ de feu : c'est la prévention.
  • En préparant la forêt à la venue des flammes pour en limiter l'impact : c’est la prévision par l'aménagement.

- La deuxième piste, à la vue des statistiques sur les origines des incendies, doit mener à un constat : tous ces dispositifs ne peuvent être efficaces qu’accompagnés d’un comportement responsable. Tout le travail consiste alors à faire prendre conscience de la grande de part de responsabilité de chacun dans l’efficacité de la protection de la forêt contre l’incendie. Trouver quels sont les gestes qui peuvent empêcher le feu d’arriver dans une forêt, aborder le thème sous la forme d’un débat où les statistiques servent à faire tomber les idées reçues, sont quelques voies possibles.

2. La prévention des incendies de forêt

Panneau d'information
Panneau d'information

La prévention des incendies de forêt , tel que nous l’abordons ici, a pour objectif d’empêcher tout départ de feu. Son impact peut sembler réduit, mais la majorité des incendies étant d’origine accidentelle, la prise de conscience qu’elle suscite est à l’origine d’une baisse non négligeable du nombre de départs de feu.

Comment y arriver ? :

Panneau routier d'avertissement
Panneau routier
d'avertissement

- Par l’information du public pour faire baisser le nombre d’incendies dont la cause est involontaire. Cette information va passer par la mise en place d’une signalisation précisant la vulnérabilité de la forêt et les interdictions qui en découlent. L’information se fait également par des campagnes d’information qui peuvent être par exemple radiophoniques ou par des actions d’éducation à l’environnement. Les lignes de ces pages font partie de la prévention.

- Par la dissuasion en assurant une présence dans les massifs et une mise en garde des éventuels contrevenants aux interdictions. Les patrouilles des comités de feux de forêt jouent ici un rôle dissuasif ainsi que la présence des pompiers aux points stratégiques. Cette dissuasion vise à la fois les imprudents et les malveillants.

3. La prévision des incendies par les aménagements de D.F.C.I.

Les aménagements de défense des forêts contre les incendies (D.F.C.I) ont pour objectif, le jour où un feu est allumé, d’optimiser l’efficacité de l’intervention des pompiers.

Pour cela il faut agir sur plusieurs fronts :

  • - En réduisant le temps écoulé entre le départ de feu et la première intervention
  • - En réduisant l’impact des flammes sur la végétation
  • - En cassant le rythme de la progression des flammes
  • - En permettant aux pompiers d’avoir un accès sécurisé le plus proche possible de l’incendie.
  • - En donnant aux pompiers des points de ravitaillement en eau.
Vigie
Vigie
Réduire le temps écoulé entre le départ de feu et la première intervention

Dix minutes suffisent pour qu’un départ de feu se transforme en un incendie difficilement maîtrisable. Pour arriver à temps, il faut donc détecter le plus tôt possible le foyer. C’est le rôle des vigies ou postes de guet (photo ci-contre) disséminés sur le territoire afin de fournir un quadrillage efficace. Équipés de matériel téléphonique et de cartes, ils vont donner l’alerte en précisant la localisation du départ de feu.

Pour accélérer la rapidité de la première intervention, les Comités Communaux de Feux de Forêt ou des moyens départementaux en patrouille ou postés peuvent se rendre rapidement sur les lieux et commencer à traiter le feu en attendant l’arrivée des pompiers.

Les pompiers, disséminés aux différents points jugés stratégiques, vont également pouvoir réduire le délai de leur intervention.

Ralentir la progression des flammes en préparant la forêt

Partant de la constatation que les feux démarrent le plus souvent à proximité d’une route ou d’une maison, l’aménagement des abords des voies de circulation et des habitations va permettre de ralentir la progression du feu.

Zones débroussaillées
Zones débroussaillées (tirée de la brochure "LE DÉBROUSSAILLEMENT Une obligation qui vous protège" - DFCI Aquitaine)

Pour cela il est obligatoire de débroussailler sur une largeur de 10 m (au moins) de part et d’autre d’une route et sur 50m (au moins) autour des habitations en forêt (voir schéma).

La coupure des branches basses sur les grands arbres (élagage) complète le débroussaillement en empêchant les flammes d’atteindre le feuillage. L’élimination des buissons et des herbes sur le bord des routes crée une bande anti-mégot peu inflammable.

Optimiser l’efficacité des interventions des pompiers par l’aménagement du terrain
Borne d'incendie
Borne d'incendie

C’est le rôle des routes ou des pistes (signalées par un fléchage DFCI rouge), des citernes (photo à gauche) et des bornes d'incendie. (photo à droite) Ces voies sont fermées à la circulation publique par une barrière s’ouvrant par une clé spéciale. Ces barrières sont, la plupart du temps, associées à des panneaux d’information du public (prévention).

4. La protection des forêts contre l’incendie est la responsabilité de tous

Il existe deux saisons à risque. L'hiver et l'été. Ce sont justement les deux saisons les plus sèches sous un climat méditerranéen.

La superficie des zones brulées si elle est variable d'une année sur l'autre est amplifiée par les années de sècheresse comme en 2003 et on peut craindre que le réchauffement climatique fasse de cette année la norme.

En ce qui concerne l'origine des départs de feux, le constat est édifiant puisque 9 incendies sur 10 sont d'origine humaine et dans 50 % des cas il s'agit d'imprudences

Un peu de pédagogie où comment aller vers un changement de comportement collectif.

Parlez d’abord des causes des feux de forêt sans montrer les chiffres pour récolter les idées reçues.

Montrez ensuite un graphique de l'origine des incendies. Il ne reste plus alors qu’à accepter que c’est l’homme qui brule la forêt involontairement ou non dans 9 cas sur 10 ! Il est donc temps de réagir et de changer nos comportements en devenant responsables.

Respectons les règles, ne commettons pas d’imprudence. Nous pouvons tous mieux faire même les enfants : pas de jeux avec le feu à proximité des forêts (pétard), ne plus laisser les adultes faire n’importe quoi (cigarette jetée par la fenêtre de la voiture, barbecue près d’une forêt, voiture garée à l’ombre d’un arbre sur l’herbe sèche, etc., la moindre étincelle peut provoquer un feu lorsqu’il fait très sec.).

Réchauffement climatique : quand les chaînes d'info brouillent les pistes

Depuis que de grands feux commencent à ravager des départements non méditerranéens, les chaînes d'information font des incendies de forêt leurs nouveaux sujets d'été

Malheureusement, l'angle d'approche est trop souvent celui du réchauffement climatique et les reportages oublient totalement les causes des départs de feu qui, elles, ne varient pas. Autrement dit, dans ces diffusions, on fait passer le réchauffement climatique comme le responsable des incendies en oubliant de dire que c'est l'homme qui déclenche les incendies.

E. PENSA