Incendie de Vitrolles, neuf mois après
Après le passage du premier hiver et d'un printemps, me voici à nouveau dans une des zones qui a subi les flammes de l'été 2016. Si, vue de l'autoroute, les terrains semblent ne pas avoir évolué, aurais-je la même impression sur les sentiers ?
Enfin du vert !
Dès ma descente de voiture, arrivé sur le site, je ressens un changement. J'avais dans ma mémoire les timides repousses d'il y a 6 mois, je m'aperçois que les terrains gris avec quelques taches de vie ont repris du vert. Oui la verdure est bien de retour.
La revanche des herbacées
(Brachypodium retusum)
L'incendie a dégagé de très larges espaces qui se retrouvent en plein soleil et il est facile d'imaginer qu'avec les pluies et le retour aux températures clémentes (il fait 28 °C ce jour de fin mai) les graines de nombreuses herbes ont rapidement poussé dans ces zones libérées.
Sur les terrains très caillouteux du début du parcours, le Brachypode rameux (Brachypodium retusum), herbe vivace typique de la recolonisation des milieux, est omniprésent. Avec lui, localement, de larges zones sont occupées par le Chardon-Marie (Silybum marianum) qui finit sa floraison et disperse de nombreuses graines sur le sol. Avec le Brachypode, d'autres poacées sont présentes comme des bromes ou des stipes.
Sur mon chemin, mes impressions se confirment. Les herbes ont bien pris d'assaut la zone et une pelouse fleurie s'est installée. On y trouve des coquelicots, des vipérines vulgaires, des hélianthèmes et le Coris de Montpellier.
Pousses et repousses côté buissons
de cistes
Les signes de reprise déjà observés 3 mois après l'incendie se confirment au mois de mai avec des chênes kermès dont les repousses atteignent déjà un tiers de la hauteur des anciennes tiges brulées. Avec eux, plus discrets, les Filaires à feuilles étroites, les Daphnés Garou et quelques bruyères entament leur retour.
Mais le plus frappant à côté de ces reprises est le nombre considérable de nouvelles pousses de cistes hautes d'une dizaine de centimètres. On reconnait deux espèces, le Ciste cotonneux et le Ciste à feuilles de sauge en proportion variable.
Retour dans le vallon
Cela avait été mon grand choc, il y a 6 mois, un vallon dévasté aux arbres ravagés. Au mois de mai, la présence de nombreuses herbacées hautes atténue cette impression de désolation. Si la plupart des arbres sont morts, quelques rares chênes pubescents portent sur leurs branches encore noires, de nouveaux rameaux feuillés, ils ont survécu ! Les champs, de l'autre côté du vallon, ont reverdi et le silence a cédé la place aux chants d'oiseaux alors que, d'autres secteurs font entendre les premières cigales.
Comme sur le plateau, les jeunes pousses de ciste sont abondantes et particulièrement le ciste à feuilles de sauge. Je découvre également des plantes que je n'avais pas remarquées avant l'incendie comme la Spéculaire pentagonale (Legousia pentagonia) et la Guimauve hérissée (Malva setigera). Mes impressions sont donc bien meilleures, la vie a clairement repris le dessus.
Conclusion neuf mois après.
Si le début de l'hiver m'avait laissé assez pessimiste, la fin du premier printemps me remplit d'espoir. Les terrains sont, à présent, clairement dans une dynamique positive. Le stock de graines dans le sol que les nouvelles conditions du milieu ont fait germer laisse deviner les deux prochaines étapes : une pelouse à Brachypode rameux pour les zones caillouteuses qui sera suivie d'une garrigue à chêne kermès associé aux cistes cotonneux. Dans le vallon une cistaie à ciste à feuilles de sauge semble se dessiner. Rendez-vous à présent dans un an pour voir ce que seront devenues ses ébauches d'avenir verdoyant.
E. PENSA