L’art de s’envoyer en l’air ... chez les plantes

Que ce soit par le vent, au fil de l’eau, par les animaux ou par les hommes, les graines ont plus d’un tour dans leur sac pour se déplacer : le but étant de pérenniser les espèces.

Mais que s’est-il passé il y a 100 millions d’années ?
Décollage d'une graine de Pissenlit
Décollage d'une graine
de Pissenlit

Un grand pas pour les plantes : l’invention de la graine, invention capitale qui a permis aux plantes de se déplacer. La vie retenue en sommeil dans une enveloppe protectrice peut être maintenue pendant de longs mois voire des années pour se manifester dès que de bonnes conditions se présentent : eau, humus, chaleur. Au cours de l’évolution, les graines se perfectionnèrent pour se déplacer et pour améliorer leur protection et le fruit fut créé.

Des stratagèmes bien calculés

La majorité des espèces fait appel à l’énergie éolienne pour disséminer les graines, c’est le cas des orchidées qui possèdent les graines les plus petites et les plus légères du monde avec seulement 4 microgrammes. Plus compétitives, certaines graines se recouvrent de soies ou de houppes leur permettant de planer : saules et peupliers disséminent des millions de graines dans des flocons sur plus de 30 km. Une graine de séneçon peut dériver pendant des jours et se retrouver à plus de 100 km de son point de départ. Or chaque pied en produit plusieurs milliers par saison !

En avril volent des flocons contenant les graines de Peuplier qui se déposent ensuite au sol
En avril volent des flocons contenant les graines de Peuplier qui se déposent ensuite au sol

L’eau intervient aussi dans la propagation des graines, elle entraîne avec le courant les graines qui peuvent flotter, elle favorise l’ouverture des fruits par leur décomposition. Un exemple extraordinaire est le nénuphar, son fruit libère au fond de l’eau les graines qui, entourées d’un petit coussin d’air, montent à la surface où elles flottent un certain temps au gré du vent. Puis leur enveloppe à bulles d’air se déchire et les graines coulent pour germer. Il fallait y penser !

Les rapports entre plantes et animaux sont très étroits, et cela dès l’origine, le transit qui s’effectue dans le gésier des oiseaux est le mode de transport le plus bénéfique aux graines. Les espèces franchissent montagnes, mers et continents.

Au fur et à mesure de l’évolution, les plantes à graines ont affiné leurs systèmes de propagation avec toujours le même constat, assuré la pérennité de l’espèce. Le temps des grosses et lourdes graines est révolu, place à celles qui se laissent porter par le vent. La nature semble aller vers la simplicité et l’économie d’énergie. Un exemple à suivre pour nous, les êtres humains.

Martine Galindo